Le parti radical de gauche met en balance les PME et indépendants qui connaissent des difficultés et de grandes entreprises de l’e-commerce et de la grande distribution (+20 % de chiffres d’affaires, selon le PTB), Amazon, Colruyt ou Carrefour « qui voient leur chiffre d’affaires solidement augmenter avec la crise », relève Raoul Hedebouw.
« On ne peut accepter que, d’un côté, Jeff Bezos, le patron d’Amazon, augmente sa fortune de 24 milliards de dollars depuis le début de la pandémie et, de l’autre, que beaucoup de petits indépendants et de PME sont en train de couler. »
Impôt de 75 %
La proposition du PTB consiste en un impôt de 75 % sur les surprofits. Ceux-ci seraient calculés en comparant les profits réalisés ces derniers mois à la moyenne du profit des 5 dernières années.
La mesure ne toucherait donc que les grandes entreprises qui auront réalisé un profit exceptionnel en 2020 et avec un chiffre d’affaires supérieur à 10 millions d’euros.
Le PTB sort sa calculette. « Rien que pour les 5 grands, Colruyt, Carrefour, Delhaize, Aldi et Louis Delhaize, une telle taxe sur les surprofits pourrait représenter quasi 80 millions € de rentrées pour les finances publiques », comptabilise Raoul Hedebouw. « Cette mesure serait d’application dans la grande distribution et d’autres secteurs, tels l’industrie pharmaceutique, le paramédical, l’agroalimentaire, le transport, la logistique, etc., où des surprofits seraient réalisés ».
Un autre cadre du parti explique que l’idée n’est pas neuve. « Une telle taxe sur les bénéfices excédentaires a existé en France durant la Première Guerre mondiale et aux États-Unis ainsi qu’au Canada lors de la Seconde Guerre », raconte Marco Van Hees, député et spécialiste fiscalité du PTB.
« Le but était à la fois d’empêcher l’enrichissement privé illégitime et de contribuer à financer l’effort collectif. Aux États-Unis, le montant de la taxe avait été fixé à 95 % pour tout bénéfice excédant la normale en temps de paix et, au Canada, même à 100 % dès 1942. »
À côté de cela, le parti radical de gauche veut aussi que des actions soient mises en œuvre par rapport aux grandes plateformes de l’e-commerce qui ne payent pas d’impôt chez nous.
« Vu que ces entreprises livrent le marché belge depuis des filiales étrangères, on ne peut instaurer d’impôt que sur le chiffre d’affaires », poursuit M. Van Hees. « Le PTB propose de lever un impôt de 5 % sur leur chiffre d’affaires en Belgique. »
Cela alimenterait un fonds de soutien aux PME et indépendants.
« Ils sont durement touchés par la crise et pas sûrs de récupérer toutes leurs parts de marché », poursuit M. Hedebouw. Le risque est la faillite pour beaucoup. Sûrement si l’État décide d’aider surtout les grandes entreprises. »