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Vitamine K2 pour les crampes nocturnes

JIM du 6 décembre 2024

Soulager les crampes nocturnes grâce à la vitamine K2

Pierre Margent, Dr | 06 Décembre 2024

Les crampes nocturnes essentielles ne sont pas rares chez le sujet âgé. Cet essai chinois randomisé, contre placebo, suggère que la vitamine K2 pourrait être un traitement efficace, avec un bon profil de sécurité. 

Entre 50 et 60 % des adultes se plaignent de crampes nocturnes dans les jambes. Chez 20 % d’entre eux, elles conduisent à une insomnie et à un sentiment de détresse. Or, il n’existe que peu de médicaments efficaces. Le magnésium et les inhibiteurs calciques ont un bénéfice limité, la quinine davantage mais avec un risque d’effets secondaires notables.

Dans un précédent travail, J. Jan avait montré que la vitamine K2 (vit K2, ou ménaquinone 7) était utile dans la réduction de la fréquence, de la sévérité, et de la durée des crampes musculaires survenant sous hémodialyse, avec un profil de tolérance satisfaisant. Dans un second temps, cet auteur a mené une étude pour déterminer l’efficacité et la tolérance de la vit K2 dans les crampes de jambe nocturnes essentielles. 

Un essai multicentrique randomisé auprès de 200 sujets âgés

Ce travail a été multicentrique, en double aveugle, contrôlé sous placebo. Il a enrôlé des sujets âgés de 65 ans et plus qui avaient souffert, dans les 2 semaines précédant le dépistage, d’au moins 2 épisodes de crampes nocturnes de jambe. Les participants ont été randomisés pour recevoir soit 180 µg de vit K2 par jour, soit un placebo à l’identique, durant 8 semaines. Le critère principal d’évaluation était le nombre moyen de crampes nocturnes hebdomadaires. Les critères secondaires ont été la durée des crampes en minutes, et leur sévérité, cotée à l’aide d’une échelle analogique allant de 1 à 10. 

Les participants furent recrutés via des annonces parues dans 2 hôpitaux chinois, entre septembre 2022 et décembre 2023, après avoir éliminé différentes pathologies, tels que syndrome des jambes sans repos, la claudication intermittente, les myosites et neuropathies périphériques, les maladies métaboliques ou rachidiennes (hypothyroïdie, hypoglycémie, alcoolisme, canal lombaire étroit…), les sujets ayant été traités par vit K ou par un de ses antagonistes dans les 2 mois précédents. Les données cliniques furent collectées toutes les semaines, par entretien téléphonique. Les analyses furent effectuées en intention de traiter et en double aveugle.

Sur 310 candidats potentiels, la cohorte d’étude fut composée de 199 sujets après exclusions diverses, dont 51,8 % de femmes. L’âge moyen des participants a été de 72,3 (5,5) ans. Le bras vit K2 a inclus 103 patients (51,8 %) et celui placebo 96 (48,2%). La compliance au protocole a été comprise entre 86,5 et 92,2 %. A l’entrée dans l’essai, le nombre moyen hebdomadaire (SD) de crampes nocturnes était de 2,60 (0,81) dans le bras vit K2 et de 2,71 (0,80) dans l’autre.

Réduction de la fréquence, de l’intensité, et de la durée

Durant les 8 semaines de la période d’intervention, on constata une réduction marquée des crampes nocturnes sous vit K2, avec une fréquence réduite à 0,96 (1,41) versus une fréquence moyenne de 3,63 (2,20) sous placebo, soit une différence très significative de -2,67 (CI : -2,88 à -2,49) ; p <0,001. La différence d’efficacité a été manifeste dès la première semaine de traitement. 

La durée que l’intensité des crampes ont diminué sous traitement actif. Ainsi, le groupe sous vit K2 a eu une réduction moyenne de l’intensité des douleurs nocturnes de -2,55 (2,12) vs -1,24 (1,16) sous placebo. De même, leur durée chuta de -0,90 (0,88) sous traitement actif vs -0,32 (0,78) sous placebo. Point important, aucun effet iatrogène lié à la vitaminothérapie ne fut à déplorer durant l’essai.

Au total, les crampes nocturnes de jambe sont une pathologie fréquente, de physiopathologie imprécise et de traitement encore mal défini. Cet essai a démontré le bénéfice d’une supplémentation journalière en vit K2 en cas de crampes nocturnes dans cette population âgée avec diminution tant de leur intensité que de leur fréquence, et ce dès la première semaine du traitement. On rappelle que la vit K est une vitamine liposoluble qui, en dehors de son rôle dans la coagulation, intervient dans la santé osseuse et cardiovasculaire.

Son mode d’action est mal connu mais elle pourrait avoir un effet anti-contracturant et de relaxation myométrique en inhibant la capture intracellulaire du calcium et, ainsi, en diminuant la teneur calcique intracellulaire au niveau des myocytes. Aucun effet secondaire notable n’est à déplorer sous traitement mais on doit rappeler que la vitamine K2 s’oppose à l’action anti coagulante de la warfarine et n’est pas indiquée en cas de traitement anticoagulant.

Ce travail comporte quelques réserves. La qualité du sommeil ou la qualité de vie sous supplémentation vitaminique n’ont pas été analysées. Les crampes rapportées durant l’étude ont été dans l’ensemble modérées, tant dans leur fréquence moyenne (2,6 /semaine) que dans leur sévérité (entre 3,3 à 3,6 sur une échelle de 10), ou encore de leur durée, (1,15 à 1,30 minute). Des études complémentaires restent à mener pour quantifier l’efficacité de la vit K2 dans les cas de symptomatologie plus prononcée.

En conclusion, cet essai clinique montre qu’une supplémentation en vit K2 réduit significativement la fréquence, l’intensité et la durée des crampes nocturnes chez les personnes âgées, avec un profil de tolérance satisfaisant. Des travaux restent nécessaires pour confirmer ces résultats et pour déterminer l’effet sur la qualité du sommeil et la qualité de vie.

References

Tan J, Zhu R, Li Y, Wang L, et al. Vitamin K2 in Managing Nocturnal Leg Cramps: A Randomized Clinical Trial. JAMA Intern Med. 2024 Dec 1;184(12):1443-1447. doi: 10.1001/jamainternmed.2024.5726.

Date de dernière mise à jour : 15/12/2024

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