Trail : attention au genou !
Article du Journal International de Médecine - août 2024
Trail : attention au genou !
Dr Patrick Laure | 23 Août 2024
Le trail est une course à pied en pleine nature qui a largement gagné en popularité ces dernières années. Il se pratique sur des chemins ou des sentiers de randonnée, en plaine ou en montagne, de jour comme de nuit. La discipline compte plus d’un million d’adeptes en France, dont près des deux tiers ont plus de 35 ans, avec une petite majorité d’hommes.
Lorsqu’on « court un trail », on est compétiteur. Plus de 3 000 courses sont organisées en France chaque année. Leur distance (au-delà de 80 km, c’est un ultra-trail), leur dénivelé positif total et leur technicité en constituent les grandes catégories de difficultés.
Le trail engendre des bénéfices pour santé, notamment mentale, liés entre autres à l’immersion en milieu naturel (effets espaces verts et espace bleus). Pourtant, contrairement à la course à pied sur piste ou sur route, la variété des conditions (nature et régularité du sol, altitude, météo, etc.) requiert du pratiquant une plus grande capacité d’adaptation et le soumet à des contraintes biomécaniques plus importantes. Et donc à un risque d’accident plus élevé.
Si l’épidémiologie des blessures en running est plutôt bien connue, en trail, ce n’est pas encore totalement le cas. Des études ont certes été conduites, mais la diversité des conditions de pratique rend souvent délicate la généralisation de leurs résultats.
Des chercheurs de l’Université de Szeged (Hongrie) ont réalisé une revue systématique sur ce thème en s’intéressant aux atteintes des membres inférieurs.
Des blessures qui ne sont pas exceptionnelles
En se référant aux recommandations PRISMA, ils ont exploré les bases de données PubMed, Web of Science, Scopus et Google Scholar à la recherche d’articles publiés depuis 2000, de langue anglaise, et revus par des pairs. La définition du trail devait correspondre à celle de l’International Trail Running Association, en compétition ou à l’entraînement. Ils ont extrait 276 études sans doublon, et 24 ont été incluses dans leur analyse, représentant 17 664 pratiquants, comprenant 45,5 % de femmes, et dont les moyennes d’âge s’étendaient de 22 à 43 ans.
La prévalence des lésions des membres inférieurs allait de 12,3 à 100,0 %, avec une incidence comprise entre 2,2 et 65,0 pour 1 000 heures de pratique. Les sites anatomiques concernés, par ordre de fréquence décroissante, étaient le genou (apparu dans 17 études), la cheville (10 études), le tendon d’Achille (7 études), le pied, le mollet et la jambe. Les principales atteintes étaient les douleurs (genoux, muscles), la périostite tibiale, le syndrome de la bandelette ilio-tibiale, les tendinopathies de surmenage et les entorses.
En plus du degré de sévérité de ces différentes lésions, il reste à établir leur retentissement sur la pratique sportive, le point faible de bien des études de traumatologie du sport.
References
Jiang X, Sarosi J et al. Characteristics of Lower Limb Running-Related Injuries in Trail Runners: A Systematic Review. Physical Activity and Health 2024; 8(1):137–147. doi.org/10.5334/paah.375
Date de dernière mise à jour : 25/08/2024
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