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FRANCE - A propos des expulsions

Un article de "Observ Algérie"

Un tract distribué le 21 janvier à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle a déclenché une vive polémique. Conçu par le collectif Crame ton CRA, ce document explique comment des passagers peuvent s’opposer aux expulsions d’étrangers en situation irrégulière visés par une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

 

Le tract, intitulé « réagir en cas de déportation », se veut un guide pratique pour bloquer le départ d’un avion transportant une personne sous OQTF. Illustré et divisé en trois étapes – se manifester, s’opposer et tenir bon –, le document incite les passagers à refuser de s’asseoir dans l’avion, perturbant ainsi le décollage.

Les consignes incluent des avertissements, notamment éviter tout comportement agressif ou toute interaction directe avec les forces de l’ordre. Selon le collectif, l’objectif est de dénoncer ce qu’ils considèrent comme des déportations inhumaines, tout en limitant les risques juridiques pour les participants.

Une réponse à une politique migratoire renforcée

 

Cette action intervient dans un contexte de durcissement de la politique migratoire en France. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité. Depuis son arrivée, il a ordonné plusieurs expulsions collectives, notamment de ressortissants albanais, géorgiens et congolais.

 

Au-delà des chiffres, cette fermeté symbolise une volonté politique affichée : « Expulser plus et régulariser moins », comme l’a affirmé Retailleau lors d’une interview en septembre dernier. Face à ces mesures, les militants pro-immigration, à l’instar de Crame ton CRA, redoublent d’initiatives pour contrer ces décisions judiciaires.

Des méthodes controversées, mais illégales

Si ces actions attirent l’attention, elles sont loin d’être légales. En France, perturber le décollage d’un avion constitue un délit d’entrave au transport aérien, passible de cinq ans d’emprisonnement et de 18 000 euros d’amende. À cela s’ajoutent les risques de poursuites pour outrage ou rébellion, pouvant entraîner des peines supplémentaires.

 

Des cas similaires ont déjà eu lieu par le passé. En 2018, en Suède, une militante avait empêché l’expulsion d’un migrant afghan en refusant de s’asseoir dans un avion. Plus récemment, en juin 2023, une tentative d’expulsion d’un Malien avait été retardée par l’intervention de passagers dans un vol Paris-Bamako.

Une fracture sociale autour de l’immigration

 

L’affaire du tract reflète un clivage croissant en France sur la question migratoire. D’un côté, l’État défend la stricte application des lois et des décisions de justice. De l’autre, des militants et associations jugent ces politiques trop sévères et cherchent à mobiliser l’opinion publique contre les expulsions.

Ce document, bien qu’illégal, témoigne d’une tension sociale et politique persistante. Entre désobéissance civile et respect des lois, le débat sur les OQTF ne cesse de diviser. Reste à voir si ces méthodes continueront de perturber une politique migratoire de plus en plus inflexible.

Date de dernière mise à jour : 24/01/2025

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