La lutte contre les MGF n'est pas une chasse gardée
- Par Jacques CHEVALIER
- Le 05/02/2020 à 07:55
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Je me suis souvent demandé pourquoi les mouvements spontanés se créant à l'initiative des gens étaient si vite repris par des associations justifiant le soucis des gens pour monter des dossiers afin d'obtenir des subsides pour elles-mêmes, et vite "jeter" les gens qui restent, ou ont l'audace de rester à résister sans pour autant se fondre dans une de ces associations.
Le titre de mon blog de ce jour, écrit la veille de la Journée Internationale Tolérance Zéro aux Mutilations Génitales Féminines, ne laisse pas de doute. Dans le milieu de la lutte contre les MGF, même si je ne suis qu'un bénévole, beaucoup de personnes et d'associations savent qui je suis et n'ignorent pas mes militances dont celles de la lutte contre le MGF mais aussi en faveur des droits des femmes en général.
Je fus à la base de la création du Collectif Liégeois contre les MGF avec mon association LîDjibouti. Cette association a permis l'engagement d'une de ses membres au sein de l'asbl la plus connue dans la lutte contre les MGF : Le GAMS, où elle est devenue la responsable pour Liège et Verviers. Un emploi c'est un peu une victoire de LîDjibouti et de ses membres, dont je suis.
Trois époques de ma vie ont été consacrées à ce collectif à des degrés différents. De 2007 à 2011 j'en fus le coordinateur, l'animateur des réunions, le scribe pour le secrétariat. Fin 2011 habitant dans le Brabant Wallon et accidenté au pied, j'ai délégué mon "pouvoir" à mon ami Ibrahim, co-responsable avec moi de l'association LîDjibouti qui m'avait toujours accompagné aux réunions du CLMGF, durant cette période il m'informait de ce qu'il se passait au collectif, la caisse de LîDjibouti servait aussi de trésorerie du collectif puisqu'il semblait difficile de trouver des gens pour créer ce poste au collectif. Finalement un compte d'association fut ouvert au CLMGF et, qui dit compte... dit frais bancaires ! En peu de temps et par deux fois, via le compte de LîDjibouti, alimenté par les cotisations de ses membres, j'ai versé trente euros sur le compte du CLMGF pour éviter des gros frais de négatif interdits au collectif qui n'était alimenté par personne, même pas un cent provenant des subsides que percevaient certaines associations utilisant le collectif comme "partie" de leurs programme. Il y eut même un site créé pour lequel je n'ai jamais réussi à savoir s'il était payant ou non, qui l'aurait payé et combien. A remarquer que - pour ce site - on m'a demandé d'écrire un "historique" du collectif, ce que j'ai fait et qui a été publié sur cette espèce de vitrine non suivie au niveau de l'actualité au point d'y laisser des infos obsolètes, dépassées.
En 2015 étant revenu vivre près de Liège, malgré mes difficultés physiques pour me déplacer j'ai fini par reprendre la "direction" du collectif au grand bonheur de mon ami Ibrahim et surtout de son estomac ulcéré. J'ai essayé de récupérer le site pour au moins l'actualiser mais son concepteur n'a jamais daigné me contacter ni surtout me donner les clefs de ce site où je n'étais même pas en mesure de prolonger mon article sur l'historique du collectif.
Alors en janvier 2016, j'ai pris la liberté de lancer, tout seul, un nouveau site, et comme il fallait le payer j'ai demandé à LîDjiboiuti un prêt de 30 euros, j'ai payé 20 euros de ma poche et ai lancé le site du collectif, celui que tout le monde connait sous l'adresse https://www.clmgf.be, je l'ai alimenté avec une documentation imposante, en parallèle j'ai créé un groupe sur Facebook, un autre groupe sur Linkedin.
En très peu de temps le site est devenu une référence pour le collectif mais cela ne plaisait pas aux professionnels (qui disposaient de leurs propres sites où ils évoquaient très peu l'existence du collectif Liégeois). Par contre j'ai toujours veillé à ce que chaque association membre du collectif dispose d'une page spécifique, même si souvent c'est moi qui devais la garnir par manque d'infos des associations qui, pourtant avaient la critique aisée de "mon site", "le site de Jacques", certaine personne allant même à dire qu'elle n'allait jamais sur le site de Jacques, de quelqu'un qui avait pourtant bénéficié de l'action de LîDjibouti, passée de bénévole à professionnelle.
De plus en plus, j'ai ressenti une certaine animosité à mon égard de la part d'une partie des associations et depuis la dernière conférence du 6 février 2019 à Liège il n'y a plus eu de réunion du collectif, j'ai - en quelque sorte - jeté l'éponge, mais personne n'est venu la ramasser ni essayer de ranimer le collectif mourant, alors peu à peu je me suis désintéressé d'une lutte où - comme mon pote Ibrahim - j'allais tout droit à l'ulcère d'estomac et j'ai considéré le collectif comme mort et son site comme m'appartenant vraiment, m'appartenant certes mais aussi aux bénévoles qui l'ont soutenu financièrement et via leurs commentaires constructifs.
Grâce à cinq personnes dont moi, le site peut vivre encore des années, je mets chaque mois 10 euros sur le compte, avec les sommes reçues de 4 autres personnes le site est payé au moins jusque janvier 2021 et il y aura assez l'an proichain pour encore payer un an de loyer, après ce sera plus dur.
Vous allez me dire "à quoi sert un site s'il n'y a plus rien qui s'organise à Liège ?"
D'abord à maintenir une source d'informations actualisées, on sait que nombre d'étudiants dans diverses branches de la médecine et du social font leurs TFE et autres Mémoires sur le thème des MGF et le site les aide, leur permet de disposer d'articles, de liens très intéressants, de coordonnées de spécialistes qui peuvent les aider . Par semaine j'ai au moins deux appels de jeunes, d'enseignants, de personnes qui connaissent des victimes et veulent les aider, ils me contactent par mail, par téléphone et je les oriente sur les associations de terrain, que ce soient le GAMS, le centre Louise Michel, le planning FPS, c'est normal, ils sont plus compétents que moi qui n'ai ni diplôme ni reconnaissance officielle, qui ne suis qu'un homme (parce que cela m'est aussi reproché par certaines personnes d'associations).
Ceci pour revenir sur le titre de mon article, et à un appel que je veux faire à l'occasion de la Journée Internationale Tolérance Zéro aux MGF :
Les problèmes des gens d'où qu'ils viennent concernent tous les gens qui veulent faire quelque chose pour leur venir en aide, j'en ai marre d'être considéré comme le vilain petit canard de service parce que je me mêle des "choses" qui "ne me concernent pas" d'abord parce que je suis un homme, parce que je n'ai pas les diplômes et compétences requis, parce que je ne suis pas un "professionnel". Et ce n'est pas valable que pour moi mais aussi pour nombre de mes ami(e)s rejeté(e)s par des associations qui fonctionnent aux subsides, et rien que durant les heures de service.
Ce 6 février il n'y aura rien à propos des MGF à Liège, pourtant il y a des associations, il y a des subsides qui arrivent..., à ma connaissance il y a un film et un débat ce soir à Bruxelles organisé par le GAMS, j'ai vu ça hier sur son site et l'ai popularisé sur le groupe CLMGF de Facebook comme je relaye les infos qu'on veut bien me donner, mais c'est fort rare.
Alors puisque "rien" n'est pas utile, je propose à mes lecteurs de regarder le site que je gère en mon nom :
CONTRE LES MUTILATIONS GENITALES FEMININES
de le partager à vos amis sur Facebook, Linkedin et autres réseaux sociaux ainsi que par mail à vos amis, familles, connaissances.
Sur celui-ci vous trouverez le n° de compte où j'espère recevoir un peu d'aide pour garantir la viabilité du site et peut-être réaliser avec quelques bénévoles un petit ouvrage sur les droits brimés des femmes, c'est quelque chose qui me tient à coeur même si on me dira encore que je n'ai pas à m'occuper de ça...
Je connais trop bien la chanson et je n'oublie pas les paroles !
Jacques Chevalier, ancien coordinateur bénévole du CLMGF, animateur et Webmestre du site CLMGF.
CLMGF Mutilations Génitales Féminines Jacques Chevalier
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