DU CACAO POUR LE COEUR
Un article du Journal International de Médecine du 26 août 2024.
LES EFFETS BENEFIQUES DU CACAO POUR LE COEUR.
Santé cardiométabolique : les effets protecteurs du cacao
Dominique Baudon, MD, PhD | 26 Août 2024
Les recherches sur la relation entre les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires et certaines conditions métaboliques défavorables, telles par exemple l'obésité, le diabète de type 2 et la dyslipidémie, sont importantes pour proposer des stratégies de lutte contre ces maladies.
L'étude de Framingham a été pionnière et constitue la base de la stratification actuelle du risque cardiométabolique qui comprend l'âge, le sexe, l’indice de masse corporelle (IMC), la pression artérielle systolique et la pression artérielle diastolique, la glycémie à jeun ou le diabète de type 2, le cholestérol total, le cholestérol à lipoprotéines de haute densité (HDL-c) et le tabagisme (1).
De nombreuses recherche ont étudié les moyens pour normaliser ces marqueurs et réduire le risque lié aux maladies cardiométaboliques. Certaines de ces interventions impliquent des régimes nutritionnels adéquats qui peuvent avoir un impact positif sur ces indicateurs. En particulier, la consommation d'aliments contenant des substances bioactives, telles que les polyphénols, a été associée à des améliorations des principaux indicateurs de maladies cardiovasculaires (2).
Des effets positifs dans les études épidémiologiques
Theobroma cacao, connu sous le nom de cacao, est un fruit riche en polyphénols, principalement des flavonoïdes, mais aussi en Vit B3, qui ont des effets cardiovasculaires bénéfiques. Divers mécanismes potentiels par lesquels le cacao pourrait améliorer la santé cardiovasculaire ont été suggérés, y compris l'activation de l'oxyde nitrique et des effets antioxydants/anti-inflammatoires. Cela peut expliquer les effets positifs, montrés dans des études épidémiologiques, sur la fonction endothéliale et sur la réduction de la pression artérielle et des marqueurs de résistance à l'insuline et aux lipides sanguins (3).
Cependant, l'impact de la consommation de cacao sur la réduction des marqueurs de risque cardiométabolique (du score de risque de Framingham) n'a pas encore été établi, car les résultats des essais cliniques randomisés (ECR) sont controversés. En outre, la quantité, la fréquence et la forme de l'apport en cacao et en polyphénols qui pourraient fournir ces avantages n'ont pas été précisément établies.
Une revue systématique de la littérature avec méta-analyse
Une équipe de chercheurs Brésiliens a conduit une étude avec pour objectif principal d’évaluer chez des adultes avec et sans comorbidités, l’effet de l'apport alimentaire en cacao sur plusieurs indicateurs (mesures anthropométriques, profils lipidiques et glycémiques). (4) L’hypothèse initiale était que le cacao avait des propriétés phénoliques adéquates pour exercer des effets cardioprotecteurs sur ces indicateurs.
Il s’est agit d’une revue systématique avec méta-analyse d’ECR. Les bases de données utilisées étaient MEDLINE (PubMed), EMBASE, Web of Science, Cochrane, LILACS et SciELO. Le protocole d'étude a été élaboré sur la base des recommandations du PRISMA et de la méthodologie Cochrane pour les revues systématiques.
Les études éligibles étaient des ECR incluant des adultes en bonne santé ou ayant reçu un diagnostic d'hypertension artérielle, et/ou de diabète de type 2, et/ou de dyslipidémie, et/ou de surpoids/obésité, et/ou d’infarctus du myocarde. Ont été exclues, les études avec des sujets ayant reçu des traitements autres que pour des maladies cardiométaboliques, les femmes enceintes et ménopausées, les études sur des affections autres que celles liées à la santé cardiométabolique telles que le cancer.
L’apport en cacao a été le suivant :supplément d'extrait de cacao sous forme de capsules, ou chocolat noir à teneur en cacao de 70 % et plus. La consommation s’est étendue sur un minimum de 4 semaines, avec une durée moyenne de l'intervention de 12 semaines (4 à 24 semaines), et une quantité quotidienne de cacao comprise entre 1,4 et 50,0 grammes.
La comparaison a été faite, (i) avec un groupe placebo, et (ii) avec un groupe consommant du chocolat noir à teneur en cacao inférieur à 70 % ou du chocolat blanc/chocolat au lait.
Les indicateurs de résultats initiaux et de suivi ont été :
Indicateur de l'obésité centrale : le poids corporel (kg), l’IMC (kg/m2), ou le tour de taille ou de l'abdomen (cm).
Autres indicateurs : cholestérol total (mg/dL), LDL-c (mg/dL), triglycérides (mg/dL), HDL-c (mg/dL), glycémie à jeun (mg/dL) avec HbA1c et pression artérielle systolique et diastolique (PAS/PAD).
Le risque de biais des ECR a été évalué à l'aide de l'outil Cochrane risk of bias (RoB) . La force des preuves a été évaluée à l'aide de l'outil Grade of Recommendations Assessment, Development, and Evaluation (GRADE) qui évalue la confiance dans les estimations de l'effet apparié et classe l'effet du traitement dans une méta-analyse (confiance élevée, modérée, faible et très faible).
Diminution du cholestérol total, du LDL-c , de la glycémie à jeun et de la pression artérielle
Finalement, 31 études ont été incluses, pour un total de 1986 participants, 1 110 (56 %) dans le groupe d'intervention et 876 (44 %) dans le groupe témoin. Parmi elles, 13 ont impliqué des participants en bonne santé ; les autres études comprenaient des sujets avec différentes pathologies (syndrome métabolique, dyslipidémie, hypertension artérielle, diabète de type 2).
La consommation de cacao n'a montré aucun effet sur les indicateurs suivants : poids corporel, IMC, tour de taille ou d’abdomen, triglycérides, HDL-c, HbA1c.
Il a été noté une diminution des : cholestérol total (-8,35 mg/dL [IC à 95 % -14,01 à -2,69]), du LDL-c (-9,47 mg/dL [-13,75 à -5,20]), glycémie à jeun (-4,91 mg/dL [-8,29 à -1,52]), de la PAS (–2,52 mmHg [-4,17 à -0,88]) et de la PAD (-1,58 mmHg [-2,54 à -0,62]).
Ainsi, la consommation de cacao a montré des effets protecteurs sur des marqueurs de risque cardiométabolique qui ont un impact clinique en termes de réduction du risque cardiovasculaire. Les auteurs ont conclu que la consommation de cacao comme complément alimentaire dans des capsules d'extrait de cacao ou des produits au chocolat noir a un effet protecteur sur certains marqueurs de risque cardiométabolique évalués dans cette analyse.
Selon eux, des ECR à long terme et multicentriques bien conçus sont nécessaires « pour confirmer ou réfuter nos conclusions ». En outre, « les effets positifs du cacao doivent être démontrés dans les essais cliniques évaluant les événements cardiovasculaires dans les populations dans le cadre de la prévention primaire et secondaire ».
Compte tenu de ces résultats, les auteurs « suggèrent que la consommation de cacao riche en polyphénol pourrait faire partie d'une stratégie visant à promouvoir la santé cardiovasculaire ».
References
(1) Mahmood SS, Levy D, Vasan RS, Wang TJ. The Framingham Heart Study and the epidemiology of cardiovascular disease: a historical perspective. Lancet. 2014 Mar 15;383(9921):999-1008. doi: 10.1016/S0140-6736(13)61752-3.
(2) Bahramsoltani R, Ebrahimi F, Farzaei MH, et al. Dietary polyphenols for atherosclerosis: A comprehensive review and future perspectives. Crit Rev Food Sci Nutr. 2019;59(1):114-132. doi: 10.1080/10408398.2017.1360244.
(3) Corti R, Flammer AJ, Hollenberg NK, Lüscher TF. Cocoa and cardiovascular health. Circulation. 2009 Mar 17;119(10):1433-41. doi: 10.1161/CIRCULATIONAHA.108.827022.
(4) Arisi TOP, da Silva DS, Stein E, et al. Effects of Cocoa Consumption on Cardiometabolic Risk Markers: Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials. Nutrients. 2024 Jun 18;16(12):1919. doi: 10.3390/nu16121919.
Date de dernière mise à jour : 27/08/2024
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