Les punaises de lit... faut-il en avoir peur ?
- Par Jacques CHEVALIER
- Le 07/10/2023 à 09:28
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Le débat du WE - 7 au 9 octobre 2023 sur Facebook
FAUT-IL AVOIR PEUR DES PUNAISES DE LIT ?
Pour introduire le débat voici, in extenso, un article daté d'aujourd'hui trouvé sur le JIM, Journal Internatrional de la Médecine :
'Pourquoi les punaises de lit nous font-elles si peur ?
Paris, le vendredi 6 octobre 2023 – Comme nous l’évoquions cette semaine dans nos colonnes (car le JIM ne pouvait échapper à la folie collective du moment), les punaises de lit ont soudain envahi tout l’espace, reléguant au second plan l’inflation, le drame des migrants ou la guerre en Ukraine.
« Sentiment » de punaises de lit
Bien sûr, nous retrouvons ici l’influence de la focalisation médiatique. Ce sont les mêmes images rediffusées en boucle de potentielles punaises dans les transports parisiens (mais en était-ce vraiment ?) qui ont inévitablement créé un sentiment d’infestation généralisée, la réalité n’ayant que peu d’importance. Ce tourbillon journalistique (qui a très largement dépassé nos frontières) convoque un vocabulaire où l’on perçoit que les éventuels problèmes dermatologique associés aux punaises de lit sont loin d’être la première préoccupation. « Psychose », « paranoïa », « stress », « dépression », « syndrome post-traumatique », « rend fou » : titres et textes sont truffés de références aux pathologies psychiatriques. Ce champ lexical n’est sans doute qu’une nouvelle illustration de la tendance majeure à la « psychiatrisation » du moindre phénomène sociétal.
Pas plus dangereux qu’une lasagne de cheval
Mais parallèlement à cette émergence de la folie incarnée par le petit insecte peu ragoutant, certaines productions médiatiques tissent également une filiation avec l’épidémie de Covid. D’abord, parce que de de la même manière que les reportages de mars et d’avril 2020 sur la saturation des hôpitaux semblaient parfois des répétitions de reportages oubliés des hivers précédents, les vidéos et autres articles d’aujourd’hui sur les punaises de lit avaient été annoncés par des dizaines d’autres au cours des mois et années passés. Mais au-delà, ce qui est parfois retenu par la presse fait largement écho avec la Covid.
Ainsi, dans un article du Monde du mois d’août, les intertitres auraient ainsi pu tout à fait aussi bien s’appliquer à un texte sur SARS-Cov-2 : « Phobie extrême », « Peur de contaminer » mettait ainsi en exergue l’auteur. Il n’est pas impossible que la punaise de lit déclenche les mêmes réflexes que l’irruption de la Covid dans nos vies, parce qu’elle (re)débarque dans un même monde où l’obsession sanitaire est de plus en plus forte.
« Ce qui rend ce virus si dangereux ce n’est pas seulement ce qu’il est. C’est la société qu’il trouve en arrivant chez nous : ses psychoses, ses vulnérabilités. Souvenons-nous de la terreur provoquée par les lasagnes de cheval et le lait Lactalis qui ne tuèrent personne » écrivait (très prématurément) le journaliste Jean Quatremer sur la Covid au printemps 2020 ; remarque qui pourrait encore mieux s’appliquer aux punaises de lit qui à la différence de la Covid ne tuent personne à l’instar des lasagnes de cheval !
Risque zéro
Beaucoup espéraient vivre dans une société aseptisée qui est pourtant sans cesse malmenée par des nuisibles invisibles ou insaisissables : virus et punaises. L’hyper technologie ne nous a pas protégé de SARS-CoV-2 (même si elle nous a finalement permis de le tenir très clairement à distance) et la même stupéfaction (surjouée) nous étreint aujourd’hui face aux punaises.
Ainsi, les punaises, comme tant d’autres « fléaux » avant elles, nous rappellent que nous vivons trop souvent dans « l’illusion de croire que tout peut être anticipé » pour reprendre l’expression de la politologue Virginie Tournay, qui évoquait alors des polémiques autour des substances chimiques. Ces discussions, poursuivait-elle, « s’inscrivent également dans un idéal utopique d’une société au risque zéro ». Là encore, l’éclairage peut s’appliquer à notre soudain irrépressible besoin de traquer les petites bêtes… et comme souvent de s’en remettre aux pouvoirs publics (implicitement considérés comme responsables).
Sauterelles
Ainsi, de très nombreux ingrédients étaient présents pour que les punaises deviennent les stars qu’elles sont aujourd’hui. D’autres peuvent être évoqués. L’invisibilité (relative) bien sûr nourrit facilement les fantasmes ; ici c’est le caractère insaisissable qui alimente les inquiétudes. Insaisissable et invérifiable : tout insecte indéfini peut devenir une punaise de lit, ce qui multiplie à l’infini les raisons de paniquer (et les reportages internationaux). En outre, contrairement à d’autres fléaux plus collectifs et globaux (la guerre, le réchauffement climatique les migrations pour certains), la punaise est une menace qui semble pouvoir nous toucher matériellement et individuellement, ce qui assurément ne manque pas d’avoir plus d’impact.
La proximité du mal (« tout le monde connait quelqu’un qui… ») a également une force majeure. Nos punaises sont d’ailleurs très facilement devenues les instruments de la peur de l’autre, qu’il n’est jamais difficile de réveiller. Peur de l’étranger (puisque les migrations seraient en partie à l’origine de la diffusion des petites bestioles) mais au-delà peur de tous.
En effet, comme au cœur de la pandémie de Covid, nous devenons tous suspects aux yeux des autres d’abriter (peut-être sans le savoir) ce qui pourrait faire basculer leur existence. La presse, encore elle, nous le rappelle d’ailleurs : « Tout le monde peut être touché », énonçait par exemple Nice Matin, tandis que le terme de « lépreuse » utilisé dans un article récent de Libération n’est pas non plus totalement anodin. Comment enfin ne pas voir dans notre mini panique (qui devrait cependant être rapidement balayée par une autre) un relent millénariste : nos petites punaises agissant comme les sauterelles de l’Apocalypse.
A moins qu’écrasés et réellement impuissants face aux vraies (mais également en partie invisibles) catastrophes qui nous menacent (guerre, réchauffement climatique, inflation…), nous préférons taquiner la petite bête.
Sans pouvoir trancher, on relira :
Le blog de Jean Quatremer : http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2020/04/30/confinement-le-debat-interdit/
Virginie Tournay :
https://www.jim.fr/medecin/pratique/recherche/e-docs/substances_preoccupantes_a_letat_de_traces_une_communication_scientifique_sensible_173792/document_edito.phtml
Aurélie Haroche "
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Voici un article pour la Belgique, extrait du VIF de cette semaine :
La Belgique infestée par les punaises de lit? Voici les réponses d’un expert
06-10-2023, 16:10 Mise à jour le: 06-10-2023, 16:15
Vent de panique en France. Depuis plusieurs semaines, l’Hexagone est confronté à une infestation de punaises de lit sur son territoire. En Belgique, ces nuisibles semblent également se démultiplier. Décryptage en cinq questions avec Frédéric Francis, professeur d’entomologie à Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège).
Elles mesurent à peine quelques millimètres. Vicieuses, elles s’infiltrent dans les moindres recoins, des coutures de matelas aux plinthes de parquet. En France, les punaises de lit sont devenues l’ennemi public numéro 1, à tel point qu’elles se sont mêmes immiscées dans le débat politique. A moins d’un an des Jeux Olympiques, elles ont surtout plongé Paris dans une véritable psychose.
Cet affolement est loin d’être sans fondements : les punaises de lit sont effectivement en nette augmentation sur le territoire français. Un foyer sur dix a été touché par ces insectes ces cinq dernières années, confirme un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publié en juillet. La Belgique est-elle également menacée par cette infestation ? Le point en cinq questions.
1. Qu’est-ce qu’une punaise de lit?
La punaise de lit est un insecte hématophage, qui a besoin de repas sanguins pour accomplir son cycle de développement et se reproduire. « Tout être humain est donc un hôte potentiel pour la punaise, duquel elle se nourrira en le piquant », précise Frédéric Francis, professeur d’entomologie à Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège). Mesurant entre 6 à 7mm à l’âge adulte, la punaise de lit a toutefois la capacité de survivre durant plusieurs mois sans nourriture. « Elle peut passer en ‘mode ralenti’ et se cacher dans tout une série d’anfractuosités, attendant patiemment un nouvel hôte sanguin pour reprendre son développement ». Cette spécificité la rend particulièrement tenace et incommodante pour l’espèce humaine.
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2. Quel risque sanitaire présentent les punaises de lit?
Logiquement, les piqûres de punaise de lit peuvent entraîner rougeurs, démangeaisons et irritations. « Lorsqu’elle se nourrit de sang, elle injecte de la salive qui contient des anticoagulants. Ces composants peuvent déclencher une allérgénécité chez certains individus, et entraîner des doses de plusieurs centimètres de diamètre », avertir Frédéric Francis. Hormis les désagréments liés aux piqûres, ces insectes ne présentent pas de véritable risques sanitaires. « Contrairement aux moustiques, qui sont vecteurs de maladies telles que le virus Zika, la dengue ou la chikungunya, les punaises de lit sont inoffensives. »
3. Comment expliquer l’infestation en France ?
Disparues de la vie quotidienne dans les années 1950, les punaises de lit reviennent en force en raison de l’évolution de nos modes de vie. Mobilité importante et recours croissant aux produits de seconde main favorisent notamment leur démultiplication. « Paris est une ville où les échanges et le tourisme sont particulièrement développés. Tous ces transports humains sont propices à une infestation », observe le professeur d’entomologie. Le réchauffement climatique joue également un rôle dans la reproduction des punaises de lit. « Plus les températures sont élevées, plus la durée du cycle de développement de la punaise de lit se raccourcit, donc plus vite elle atteint l’âge adulte et peut se reproduire. Il n’est dès lors pas étonnant d’observer des populations de punaises de lit plus importantes au vu de l’été et du début d’automne particulièrement chauds cette année. »
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4. Et en Belgique ?
Contrairement à la France, la Belgique ne dispose pas de statistiques officielles ni de système de surveillance pour les punaises de lit. « Mais il est certain que leur nombre augmente ces dernières années, assure Frédéric Francis. Les laboratoires d’entomologie sont de plus en plus sollicités pour des analyses liées à ces insectes, tout comme les sociétés de désinsectisation (lire plus bas) ». Au vu des nombreuses interactions entre Bruxelles et Paris, il est presque impensable que la Belgique soit épargnée d’une infestation. La SNCB a d’ailleurs appelé ses services de nettoyage à renforcer leur vigilance face aux nuisibles.
5. Comment repérer les punaises de lit et s’en débarrasser ?
Il est impossible de prévenir la présence des punaises de lit dans son foyer : la seule solution est de correctement les repérer pour pouvoir rapidement les éradiquer. Evidemment, les piqûres sur le corps permettent de mettre la puce à l’oreille : elles sont généralement plus petites, plus nombreuses et plus rouges que les piqûres de moustique.
Pour confirmer la présence des punaises, il faut également vérifier ses matelas, ses canapés et sa literie en priorité, tout en gardant en tête que ces insectes sont lucifuges, c’est-à-dire qu’ils sont davantage actifs la nuit. Des pièges à base de colle permettent de les attraper et ainsi de les identifier plus facilement. « Des traces jaunâtres ou orangées sur les matelas peuvent également être des signes de déjections de punaises de lit », ajoute Frédéric Francis. Dès leur présence établie, il faut rapidement faire appel à une société de désinfestation. « Il ne faut pas croire qu’elles vont disparaître toutes seules. Plus on attend et plus elles peuvent s’installer durablement, rendant l’éradication complexe. Mais si on s’y prend rapidement, cela peut être réglé en deux passages d’insecticide. Il faut donc être vigilant, sans sombrer dans la panique totale. »
Les sociétés de désinsectisation face à une flambée des demandes
Dans les entreprises de désinfestation, les téléphones chauffent. La majorité des sociétés contactées confirment une augmentation des interventions liées aux punaises de lit depuis l’été. « En mai, 50% de nos demandes concernaient des punaises de lit, expose la responsable de SOS Ratting. Aujourd’hui, on tourne entre 70% et 80%. »
« Les gens s’inquiètent plus que d’habitude, observe Lionel De Beer, gérant de Top Dératisation, qui a vu les demandes augmenter de 150% cet été. Dès qu’ils repèrent une piqûre, ils nous contactent. On reçoit au moins trois ou quatre appels par jour pour des punaises de lit, parfois simplement pour demander des informations. »
La plupart des analyses au domicile confirment la présence de ces nuisibles et nécessitent une intervention. « A Bruxelles, par exemple, les gens achètent beaucoup d’occasion. Ils ramènent chez eux des vêtements de seconde main, des matelas ou des meubles, et puis se rendent compte qu’ils sont infestés », confirme SOS Ratting.
Généralement, au moins deux traitements par insecticide sont nécessaires pour éradiquer les punaises de lit, parfois plus, avec une dizaine de jours d’intervalle. « Les produits n’agissent pas sur les œufs donc il faut attendre que les larves se développent », explique Lionel De Beer. Les prix varient en fonction de la taille du domicile, du nombre de chambres à coucher et du niveau d’infestation. Il faut compter environ 150 ou 200€ par traitement pour un appartement, et le double voire le triple pour une maison.
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